Au grand jour, dans un parc situé au cœur de Tel Aviv, les intervenants se succèdent au micro. Un peu fébrile, Ori Erez attend son tour. Le jeune homme a servi dans les forces spéciales au nord de la Cisjordanie il y a 8 ans. « C’est un passage de mon témoignage : « Donc on a sorti ce gars de la Jeep, on lui a enlevé le bandeau qui couvrait ses yeux, et le câble qui lui liait les mains, et on l’a laissé comme ça. »
Arrestations arbitraires, violences gratuites, exécutions sommaires, Brisons le silence dévoile un récit brut de l’occupation militaire israélienne. Et pour Ori Erez, il est nécessaire de témoigner à visage découvert. « Les Israéliens n’ont aucune idée de ce qui se passe dans les Territoires occupés, et sans mon témoignage ils resteront dans l’ignorance, c’est mon devoir », poursuit-il.
L’enquête ouverte contre Dean Issacharoff, l’un des porte-parole de l’ONG, pour avoir relaté l’arrestation violente d’un Palestinien au cours de son service n’effraie pas Yéhuda Shaul, le fondateur de Brisons le silence. « Nous espérons que Dean sera poursuivi en justice, car au procès nous viendrons tous pour témoigner de ce que nous avons fait pendant notre service militaire, affirme-t-il. Pour ouvrir la boîte de Pandore et en faire le procès du système de l’occupation. »